Alors que le temps change...

Adossé à l'arbre qui faisant l'angle de l'enclos Mystra, Meawrh laissait son esprit vagabonder au delà des rochers qui parsèment les plaines de Cania. L'après midi était chaude, étouffante même, et il avait laissé ses paupières abriter ses yeux de la morsure lumineuse du soleil. Figure immobile et paisible, il eut passé au regard de tout passant pour un homme endormis, écrasé par la chaleur du soleil rayonnant sur les pierres verdâtres.

Fatigué, il l'était néanmoins, mais ce n'était ni de repos, ni de fraîcheur qu'il manquait. C'est le souvenir de temps qui lui paraissaient déjà si lointains, de sa jeunesse qui s'était enfuie si vite qu'il lui semblait parfois être encore un enfant. Un enfant posant un regard éperdu sur le monde qui l'entoure, y transposant la féerie de son âme innocente, et foulant l'herbe verte en tenant par la main les créatures bienveillantes de son imaginaire.

Souvenirs de ses premiers pas sur ce monde. Souvenirs idéalisés sans aucun doutes, mais rendus si merveilleux parce qu'alors il était deux. Il l'avait rencontrée alors qu'il foulait pour la première fois le sol de ce monde. Fragile et innocent, curieux et émerveillé, et elle si belle et si douce... Sans le savoir, ils s'étaient reconnus dès le premier regard, comme si ils se retrouvaient après un long voyage, une longue absence.

Et c'est ainsi qu'il l'avait suivie, parcourant le monde, le découvrant à travers ses yeux, et vivant comme un rêve. Et petit à petit la tenant par la main, puis les yeux dans les yeux, et enfin corps contre corps ils surent qu'ils étaient là l'un pour l'autre. Qu'ils étaient l'un et l'autre, deux êtres avec un cœur pour deux.

Tout leur avait été offert, parce que tout ce qui importait c'était être ensemble, de profiter de la chance merveilleuse d'avoir su trouver chacun la seconde part d'eux même et de pouvoir tout faire à deux. Oui, il ressentait qu'elle chance était la sienne. Et combien la vie aurait été plus terne si par malheur il n'avait été qu'à demi.

Unis ils l'étaient encore, mais le monde n'était plus aussi beau qu'alors. L'innocence avait fondu sous le soleil omniprésent de ce monde. L'habitude avait à maintes places remplacé la magie, et il sentait bien que le lien qu'ils avaient avec ce monde était infiniment plus ténu qu'alors. Il avait eu peur tout d'abord, terriblement peur. Peur d'un jour n'être plus qu'un. Et il savait qu'un cœur ne survit pas vraiment à de telles déchirures.

Aujourd'hui il était plus sage sans doute. Le temps avait fait son œuvre, et il était plus serein. Il savait que jamais ils ne seraient séparé. Que deux êtres qui ont ainsi partagé le même cœur sont à jamais liés l'un à l'autre, et que rien ni personne ne pourrait vraiment les arracher l'un à l'autre.

Myllyn, Meawrh. Il sentait sa présence réconfortante rien qu'en laissant ses lèvres esquisser la forme de son nom. Et un sourire apaisé se dessina sur les lèvres de l'ecaflip tandis qu'il s'endormait au soleil, s'en allant parcourir en rêve l'herbe verte de Cania, la main de son aimée serrée dans la sienne.





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HRP :
Réponse au défi oulipipo lancé par Shalyan ici. Le texte reste néanmoins quelquechose que j'avais envie d'écrire et que j'ai adapté un peu au défi... et ça se sent un peu.
Ecrit et à lire en écoutant : Tool - Disposition