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 [BG] Englael\Atharaxya: des destins entremêlés

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Englael

Englael


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MessageSujet: [BG] EnglaelAtharaxya: des destins entremêlés   [BG] Englael\Atharaxya: des destins entremêlés Icon_minitimeMar 4 Aoû - 2:50

Englael était allongé et regardait le ciel, scrutant les volutes de vapeur d’eau qui passaient lentement au-dessus de lui, portées par le vent. Imaginer des formes dans les nuages était une habitude qu’il avait conservée depuis sa plus tendre enfance. Les années avaient passé, mais les images qu’il décelait étaient toujours les mêmes : un dragon à trois têtes, un lapin géant, des mains sorties de nulle part et se tendant vers quelque chose d’invisible,… Ces scènes fantastiques et éphémères l’avaient toujours fasciné et lui permettaient de s’évader. Lorsqu’il les observait, son esprit s’envolait et se perdait, lui aussi, au milieu des nimbus.

Autour de lui, il entendait vaguement le bruissement des larves et le pépiement des tofus se faufilant au milieu des hautes herbes. Le jeune Eniripsa avait passé la journée à faucher diverses céréales, et il s’accordait une petite pause, allongé à l’ombre d’une meule de paille.

Les champs des Ingalsses… Ayant grandi non loin, c’est là qu’il avait fait ses premières armes, notamment contre les épouvantails protégeant les céréales. C’est également là qu’il avait rencontré son premier compagnon de route, Emanos, un disciple d’Ecaflip tentant tant bien que mal de maîtriser l’eau. Les deux jeunes hommes étaient très vite devenus inséparables, et lorsque l’on en voyait un parcourir la forêt d’Amakna, l’autre n’était jamais bien loin. Un jour qu’ils terrorisaient les tournesols sauvages, ils furent surpris par une violente averse. Ils coururent se réfugier au temple d’Eniripsa où Elfythalia, la mère d’Englael, officiait comme prêtresse. C’est là qu’Emanos fit la rencontre de Zahikel, la sœur cadette du jeune Eniripsa. La jeune femme tomba immédiatement sous le charme du félin maladroit et un brin narcoleptique, et il ne fallut que quelques jours pour que leur mariage soit célébré. Ainsi, les deux meilleurs amis seraient désormais de la même famille ; que pouvaient-ils rêver de mieux ?

Les mois passèrent, chacun évoluant à son rythme. Toujours aussi inséparables, ils portèrent le même blason pendant quelques temps. Leur seul point de divergence concernait la guerre sempiternelle entre Bonta et Brâkmar : tandis qu’Englael avait endossé les ailes à plumes, Emanos, mineur depuis toujours, avait préféré rejoindre les rangs de la cité adverse. Il s’y était même procuré une immense maison et un enclos. La vie suivait son court, Zahikel plus éperdue de son mari chaque jour. Et un matin, sans crier gare, Emanos disparut sans laisser la moindre trace. Qu’était-il devenu ? Où était-il à l’heure actuelle ? Nul ne semblait le savoir… L’enclos près duquel il passait tant de temps est toujours désert et est petit à petit envahi par les mauvaises herbes ; la maison arbore toujours son nom mais demeure désespérément vide.

Ayant perdu son meilleur ami, que dis-je, son frère, Englael s’est enfermé dans le silence et a passé des semaines seul, terré dans l’atelier des sculpteurs d’Amakna, ne sortant que pour se procurer le bois dont il avait besoin pour confectionner ses baguettes. Il n’en sortit réellement qu’après avoir totalement maîtrisé cet art. Etant artisan dans l’âme, cet état de faits aurait dû le combler. Pourtant, quelque chose lui manquait, encore et toujours. Combattre seul, même de puissants ennemis, l’ennuyait au plus haut point, l’attristait même. Il retourna donc à la maison familiale et prit en charge l’éducation d’Atharaxya, une jeune Sacrieuse orpheline que ses parents avaient recueillie. Au cours de leurs pérégrinations, ils croisèrent la route d’un disciple de Féca, d’une adepte de Crâ et d’une adoratrice d’Osamodas tout de rose vêtue. Là encore, la petite troupe est devenue bien vite inséparable, et ils passaient leurs journées à parcourir l’île d’Otomaï, terrassant quasi quotidiennement Gourlo le Terrible et Silf le Rasboul majeur. Tous arborèrent le même sceau, la croix rouge sur fond noir de la Guilde Kingdom of Symphonia, dont Sylvangel, l’adepte de Féca, était le meneur. Englael tomba sous le charme de l’archère, Daisi, et l’épousa envers et contre tous. Ce mariage bouleversa plus particulièrement Atharaxya, qui partit le lendemain matin pour Bonta, expliquant qu’elle voulait « vivre sa vie » et ne plus être perpétuellement dans l’ombre de l’Eniripsa. Ce dernier resta plusieurs mois sans nouvelles de sa sœur adoptive, ce qui était au quotidien comme une douleur lancinante à laquelle on ne s’habitue jamais vraiment.

Puis l’histoire s’était répétée : Sylvangel avait disparu sans laisser la moindre trace, laissant Sheza, son épouse, Daisi et Englael seuls. Cette disparition avait été un nouveau déchirement, mais avait permis de resserrer encore plus les liens entre eux, si cela eût été possible.

Englael soupira. Combien de personnes avait-il ainsi croisées et perdues de vue ? Leur nombre était incalculable. Parfois la vie est bien cruelle…


Dernière édition par Englael le Mar 4 Aoû - 12:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [BG] Englael\Atharaxya: des destins entremêlés   [BG] Englael\Atharaxya: des destins entremêlés Icon_minitimeMar 4 Aoû - 12:48

Atharaxya ouvrit une fois de plus les yeux. Voilà plusieurs heures qu’elle cherchait le sommeil, en vain. En revanche, Ahrsa, le Tifoux qu’elle avait adopté récemment, dormait profondément, lové contre elle. Elle se leva et ouvrit la fenêtre de la maison perchée dans les hauteurs de l’Arbre Hakam. La jeune femme s’appuya sur le rebord et respira à pleins poumons. La nuit était douce et on n’entendait que le bruit de la faune nocturne peuplant le feuillage de l’arbre. Même les aventuriers les plus noctambules avaient cessé de chasser les Poolays et autres Bitoufs en contrebas. Ses yeux s’habituant peu à peu à la semi-obscurité, Atharaxya se perdit dans la contemplation du vide et retomba dans ses pensées.

Cela faisait quelques temps qu’elle avait repris contact avec Englael, mais leur relation n’était pas aussi fusionnelle qu’elle avait pu l’être auparavant. Le mariage de l’Eniripsa avec Daisi avait poussé la jeune Sacrieuse à prendre conscience de la dure réalité : elle n’était pas seule au monde, elle devrait le partager. Cette idée lui avait paru si insupportable qu’elle avait préféré partir sur les routes, seule, les laissant à leur bonheur et à leurs sourires béats. Les années ayant passé, une certaine distance s’était installée entre eux, et ils avaient peine à renouer les liens. Mais qui aurait pu lui en vouloir ? Tellement de choses s’étaient déroulées dans la vie de la jeune femme depuis son départ qu’elle était revenue changée, elle-même avait parfois peine à se reconnaître.

Elle se redressa et se dirigea vers le miroir, sous lequel était posée une bassine d’eau. Elle s’en aspergea le visage et, relevant les yeux, vit son reflet. Une fois de plus, elle se reconnut à peine : en dehors de la multiplication que les cicatrices qui striaient son corps avaient connu, elle avait les traits tirés, d’énormes cernes sous les yeux, les cheveux qui encadraient son visage blafard étaient en bataille. Pour la première fois, elle fut frappée par sa ressemblance avec Englael.


T’as beau vouloir t’en éloigner, tout te ramène toujours à lui… pensa-t-elle.

La jeune femme soupira. Depuis combien de temps n’avait-elle pas rendu visite à sa famille adoptive ? Ils l’avaient quand même recueillie et pris soin d’elle pendant des années, et elle était partie sans rien leur dire, sans même les remercier, et les avait laissés sans nouvelles depuis. Il était plus que temps de réparer cette erreur ! Elle rattacha ses cheveux, fourra quelques affaires dans son sac, qu’elle passa en bandoulière et s’approcha d’Ahrsa, qu’elle tenta de réveiller. Au vu des grognements qu’émit le petit animal, il était flagrant qu’il ne voulait pas bouger.

Allez, fais pas ta mauvaise tête ! Tu dormiras dans le bateau qui nous emmènera sur le continent !

Voyant qu’il ne réagissait toujours pas, elle le prit dans ses bras et se mit en chemin après s’être assurée d’avoir bien verrouillé la maison. Tuin, le petit chélonien qui la suivait depuis son plus jeune âge, avait lui aussi été réveillé par le remue-ménage de sa maîtresse et la suivait d’aussi près que sa nature le lui permettait.

A l’aube, un bateau quitta l’île d’Otomaï en direction du continent d’Amakna. Tandis qu’Ahrsa terminait sa nuit dans les bras de sa maîtresse, Atharaxya était bien incapable de fermer l’œil. Combien d’années s’étaient écoulées depuis la dernière fois qu’elle avait vu ceux qu’elle considérait comme ses parents ? Qu’étaient-ils devenus ? Que pourraient-ils bien se dire ? Lui pardonneraient-ils seulement de les avoir laissés ainsi ? Toutes ces questions tambourinaient encore l’esprit de la jeune femme lorsqu’elle posa pied à terre sur le port de Sufokia.

Elle se mit immédiatement en route vers la campagne d’Amakna, la demeure familiale se tenant non loin du temple d’Eniripsa. Elle courut jusqu’à perdre haleine, ne prêtant guère attention aux aventuriers réclamant son aide pour combattre un sanglier ou vantant sa beauté et jurant qu’elle était la femme de leur vie. Arrivée devant la petite bâtisse, elle marqua un arrêt brutal tant elle fut abasourdie. Rien n’avait changé depuis toutes ces années. Les pierres ne portaient pas la moindre marque d’érosion, pas une seule pousse de lierre n’avait réussi à se frayer un chemin le long des fenêtres. On entendait toujours le bruissement du ruisseau qui coulait non loin, le gazouillis des oiseaux dans les arbres. Tout paraissait aussi paisible qu’avant, comme en dehors du temps. Un petit sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme. Elle était de retour…
Ahrsa et Tuin la rejoignirent, hors d’haleine. Paradoxalement, la petite boule de poils semblait plus fatiguée que son compère à carapace. Il n’était vraisemblablement pas encore habitué au rythme de voyage de la jeune Sacrieuse !

Cette dernière, prenant une profonde inspiration, poussa lentement la porte de la maison et entra. A peine eut-elle franchi le seuil que son esprit fut enivré par l’odeur si caractéristique de l’endroit : les décoctions d’Elfythalia. La prêtresse avait tenté maintes et maintes fois de transmettre cette recette ancestrale à sa fille, mais Atharaxya n’obtenait jamais le résultat escompté. Si bien qu’elle avait fini par renoncer à faire ces tisanes elle-même, laissant l’exclusivité aux aînées.

Elle parcourut la pièce du regard et se sentit retomber en enfance : chaque chose avait gardé sa place, des pots renfermant diverses plantes posés sur les étagères au petit tas de bois dans le panier près de l’âtre éteint, en passant par les « œuvres artistiques » de chacun des enfants : la première hache de Zahikel, le premier arc de Kaltyra, sa propre première épée, qu’elle avait confectionnée alors qu’Englael essayait de lui inculquer les rudiments de la sculpture des baguettes. Englael… Il lui semblait entendre sa voix, dans la pièce d’à côté. Elle s’y dirigea, tandis que Tuin se rua sur le coussin sur lequel il dormait lorsqu’ils vivaient encore ici. Ahrsa, quant à lui, inspectait cet endroit inconnu de toutes parts, émettant de petits couinements inquiets.

La jeune femme passa la porte, le cœur battant la chamade. Lorsqu’elle entra dans la pièce, toutes les discussions stoppèrent net, et tous les regards se tournèrent vers elle. Ils étaient là, tous les trois : Englael, Elfythalia et Endylius. Tandis que le premier n’avait pas changé depuis leur dernière entrevue, et même depuis quelques années, le disciple de Crâ et son épouse semblaient étrangement amoindris. Ils avaient l’air d’avoir vécu plus de cent ans. La prêtresse d’Eniripsa, qui de par le dieu qu’elle vénérait était censée demeurer éternellement jeune, avait l’air d’une vieille femme. Sa chevelure d’antan si abondante et brillante était désormais éteinte, sa peau était blême et parcourue de rides. Quant à Endylius, il tentait de ne rien laisser paraître, mais lui aussi portait le poids des années sur ses épaules. Cependant, tous deux esquissèrent un large sourire à la vue de leur petite protégée.


Bienvenue à la maison ! déclara Elfythalia d’une voix douce, qui, elle, n’avait pas changé malgré les années.
Bon… Je pense que je devrais vous laisser... Vous avez des tas de choses à vous dire… marmonna Englael.

Il se leva, embrassa ses parents et sortit de la pièce, refermant soigneusement la porte derrière lui.
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Englael

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MessageSujet: Re: [BG] Englael\Atharaxya: des destins entremêlés   [BG] Englael\Atharaxya: des destins entremêlés Icon_minitimeDim 16 Aoû - 22:58

Après des années d’absence et de silence total, Atharaxya avait enfin refait surface. Lorsqu’Englael l’avait revue pour la première fois, il avait été frappé par la beauté de la jeune femme qu’elle était devenue. Fervente adoratrice de Sacrieur, elle portait de nombreuses cicatrices, mais sa peau était d’une blancheur éclatante et il irradiait d’elle quelque chose de surnaturel. Un immense sourire était accroché à ses lèvres et, malgré un léger voile de tristesse que l’eniripsa ne put s’empêcher de déceler dans ses yeux, elle semblait heureuse.

Cependant, comme il s’y attendait un peu, ils ne tombèrent pas dans les bras l’un de l’autre au premier regard. Tant de temps avait passé, ils étaient presque devenus des étrangers. De plus, les bras de la jeune femme étaient déjà occupés… Par une autre femme. Une disciple de Iop à la chevelure de feu qui, comme la plupart de ses semblables, était plus belle qu’intelligente. Mais qu’importe, si elle rendait Atharaxya heureuse, ce qui était visiblement le cas. Ne voulant pas troubler leur bonheur, Englael avait su se faire discret, veillant tout de même sur elle, de loin. C’était plus fort que lui, il avait toujours voulu la protéger de tous les dangers extérieurs.

Lorsqu’elle était arrivée dans la famille, elle n’était qu’un bébé, et tous se demandaient lequel des Douze dieux avait posé la main sur elle. Puis, bien vite, on se rendit compte qu’elle cherchait à avoir mal, notamment en énervant ses sœurs, qui s’avérèrent assez peu tolérantes et pour le moins violentes envers elle. Il fallait se rendre à l’évidence : Atharaxya vénérerait Sacrieur. Englael tenta de se faire à cette idée, mais la voir foncer tête baissée dans les combats et chercher à tout prix à souffrir dépassait son entendement. Il la suivait donc à la trace, guettant et soignant le moindre bobo, mais en vain : la fillette retournait immédiatement se blesser. Quel duo de choc ils formaient !

Un petit sourire triste se dessina sur le visage de l’Eniripsa. Une partie de lui avait espéré pendant toutes ces années retrouver sa « petite sœur », et que rien n’ait changé entre eux. Il était bien naïf ! Ils ne s’étaient pas quittés en excellents termes, il n’y avait aucune raison qu’ils redeviennent du jour au lendemain aussi proches que durant leur enfance. Mais dernièrement, Atharaxya était anormalement distante et semblait chercher à l’éviter à tout prix. D’ailleurs, elle semblait chercher à éviter tout contact avec qui que ce soit. Il y a encore quelques mois, elle était souriante, radieuse, puis, sans crier gare, était brusquement devenue taciturne et morne. Quelque chose n’allait pas, il le sentait, mais était bien incapable d’approcher la jeune femme et l’amener à se confier, comme cela eût été le cas quelques années auparavant. Quelque chose entre eux s’était brisé, et il fallait à tout prix le rétablir. Quelque chose n’allait pas, il le sentait, mais était bien incapable d’approcher la jeune femme et l’amener à se confier, comme cela eût été le cas quelques années auparavant. Quelque chose entre eux s’était brisé, et il fallait à tout prix le rétablir. Il la voyait régulièrement et constatait avec horreur qu’elle dépérissait de jour en jour, maigrissant à vue d’œil. Il avait déjà assisté, impuissant, à ce phénomène sur sa mère lorsqu’Atha était partie, et s’était juré de tout faire pour empêcher que cela se reproduise. Paradoxalement, il était allé demander conseil à la prêtresse, elle qui avait été bien incapable de stopper ce processus sur elle-même. Mais au lieu des recommandations qu’il attendait, il apprit une toute autre nouvelle…

Englael frissonna. Le vent s’était levé sur les quais de Madrestam et les derniers rayons du soleil peinaient à réchauffer l’air. Au loin, on entendait les cris des pêcheurs se préparant à sortir en mer. Mis à part quelques chachas égarés, l’endroit était désert. Le jeune Eniripsa ramena ses genoux sous son menton et recroquevilla ses ailes pour se protéger du froid.
La voix d’Endylius résonnait encore dans son esprit.


Assieds-toi, il est temps que tu saches la vérité sur Atharaxya.

Elfythalia avait alors commencé à raconter ce que personne ne soupçonnait et n’aurait même pu imaginer. Atharaxya était bel et bien sa propre fille, mais pas celle d’Endylius. Lors d’une bataille que livrèrent les troupes de Bonta et de Brâkmar dans la campagne d’Amakna, des gardes de la cité obscure avaient fait irruption au temple d’Eniripsa, saccageant et pillant tout sur leur passage. Pendant que ses sbires torturaient les autres prêtresses, un général, vénérant Sacrieur, avait violé Elfythalia, et Atharaxya était le fruit de ce drame. Fidèles au culte d’Eniripsa, Endylius et son épouse n’avaient pu se résoudre à mettre un terme à cette grossesse ni même abandonner l’enfant, et ils l’avaient donc élevée comme leur fille, expliquant qu’elle avait été abandonnée.

Au fur et à mesure que sa mère progressait dans son récit, Englael sentait son sang bouillir dans ses veines et lui battre les tempes. Fumiers de Brâkmariens ! Ils avaient osé profaner un lieu sacré et, bien pire, avaient meurtri sa propre mère ! Il s’apprêtait à faire fi de ses principes et, devenant un membre actif de l’armée Bontarienne, partir à l’assaut de la cité ennemie. Mais l’arrivée aussi soudaine qu’inattendue d’Atharaxya dans la demeure familiale avait coupé court son élan et, ne pouvant soutenir le regard de sa sœur, ni supporter la vue de son corps fantomatique, il avait préféré s’éclipser rapidement. Il était aussitôt parti en direction de Madrestam, la rage lui tordant le ventre, étripant sans pitié le moindre aventurier exhibant ses ailes rouges qu’il croisait en chemin. Mais tout ce sang versé n’apaisait en rien sa colère et sa rancœur. Il s’était alors installé sur le quai qu’il occupait habituellement et avait tenté tant bien que mal de retrouver ses esprits.

Ainsi, sa famille avait été directement victime de la guerre inepte opposant les deux cités depuis des siècles. Une incontrôlable soif de vengeance grandissait en lui, et tandis qu’il cherchait le meilleur moyen d’atteindre ce fameux général et de lui faire regretter son acte, l’image d’Atharaxya lui revint à l’esprit ; elle était déjà atrocement affaiblie, et cette nouvelle allait probablement l’anéantir encore plus. Elle aurait, plus que jamais, besoin de lui.

Le jeune Eniripsa serra les dents. Comment allait-elle le prendre ? Elle était si imprévisible depuis quelques temps qu’elle pourrait aussi bien entrer dans une colère noire et couper définitivement les ponts avec ceux qui lui auraient « menti » toutes ces années, que s’effondrer comme un château de cartes et se laisser définitivement dépérir. Elle pourrait aussi chercher à faire justice elle-même. Le ressentiment d’Englael laissa vite la place à l’inquiétude. Comment s’assurer qu’elle ne ferait rien de stupide, qu’elle ne se mettrait pas en danger ? Se relevant à toute vitesse, il sauta sur Ezekiel, sa dragodinde, et se dirigea aussi vite que possible vers la maison familiale. En arrivant, il vit Atharaxya en sortir comme une furie. Lorsqu’elle passa devant lui, il tenta de l’interpeller. Elle s’arrêta brusquement et le toisa. Son regard avait viré au rouge vif et elle serrait les poings si fort que les plaies les plus récentes sur ses bras s’étaient rouvertes.


- Toi… Je ne te pardonnerai jamais ! Tu vaux pas mieux que les autres ! Tous des menteurs et des manipulateurs !
- Atha, je…

Le jeune homme se garda de la retenir. L’expérience du combat l’avait rendue plus musclée que lui, et au vu de son état de hargne, il risquait de prendre un mauvais coup. Il tourna le regard vers l’entrée de la maison, où ses parents se tenaient, Endylius portant une vilaine marque au visage. Affolé, il courut vers eux.

- Mais qu’est-ce que ? … Elle n’a quand même pas osé ?!
- Essaie de la comprendre, déclara le disciple de Crâ. C’est quand même un choc pour elle…
- Oui, mais ce n’est pas une raison pour
- Ce n’est pas à toi d’en juger. l’interrompit Elfythalia qui prodiguait déjà les premiers soins à son époux. D’autant plus que ton père s’en remettra. Pour Atharaxya, en revanche, ce sera plus long. Il te faudra donc prendre bien soin d’elle. C’est ta sœur, après tout…


Dernière édition par Englael le Sam 5 Sep - 12:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [BG] Englael\Atharaxya: des destins entremêlés   [BG] Englael\Atharaxya: des destins entremêlés Icon_minitimeSam 5 Sep - 12:02

Sans vraiment savoir pourquoi, Atharaxya s’était immédiatement rendue au château d’Amakna. Peut-être parce que c’était là qu’elle avait vraiment recommencé à vivre, lorsqu’elle était revenue dans « le monde civilisé ». En se joignant à l’équipage d’Air Force Sram, elle avait élu domicile dans les fortifications de la demeure d’Allister, et avait fait la connaissance de nombre de personnes y habitant également. Elle avait passé des heures au Zaap à discuter de tout et de rien, et avait fini par trouver sa place dans la vie d’Amakna. Son destin avait même croisé celui d’une belle Iopette vêtue d’une tunique noire ne couvrant que l’essentiel de ses formes généreuses, et une passion aussi brûlante qu’impromptue était née entre les deux jeunes femmes. Sous ses airs bourrus et libidineux, Samus avait su percer la carapace que la jeune Sacrieuse avait petit à petit érigé autour d’elle, et avait fait battre à nouveau ce cœur qu’elle croyait éteint à jamais.
Mais le temps avait tout emporté et les choses avaient bien changé ; le Bouing avait disparu dans d’étranges circonstances, et Atharaxya avait soutenu tant bien que mal sa bien-aimée lorsqu’elle avait décidé de faire renaître le Clan du Soleil. Puis la passion s’était peu à peu éteinte, et la jeune femme avait fini par reprendre ses bagages en pleine nuit et quitter le Clan, le cœur gros. Le mariage qui s’annonçait grandiose n’aurait jamais lieu, et Atharaxya s’éclipsait dès qu’elle apercevait la Iopette, n’osant croiser son regard. Elle lui avait fait du mal en partant ainsi, et ne se trouvait pas la moindre excuse. Depuis, elle était restée seule sur l’île d’Otomaï, ne sortant que rarement de la maison qu’elle partageait avec Tria dans l’arbre Hakam.

Au cours de son errance au château, Atharaxya arriva devant la maison qui avait été l’aéroport d’Air Force Sram. Sans s’en rendre compte, elle avait parcouru toutes les ruelles de la petite bourgade et se trouvait aux portes de la fortification. Elle eut un pincement au cœur en voyant que le mur de la bâtisse portait toujours quelques traces de la déclaration enflammée que Samus avait peinte pour elle, ainsi que la réponse qu’elle avait esquissée avec son propre sang. La colère laissa un peu de place à la tristesse, ce sentiment qui était devenu son quotidien depuis quelques temps.
Autour d’elle, les gens s’affairaient et semblaient passer sans la voir. C’était donc cela… Ne plus arborer tel ou tel blason ou ne plus se pavaner dans les bras de quelqu’un de reconnu suffisait pour retomber dans l’anonymat le plus profond.
Elle passa le pont-levis et s’assit à même le sol, adossée au mur bordant l’entrée. Sous ses yeux, la rivière Kawaï glissait sur les galets, émettant ce chuintement qui lui était si caractéristique.
La rivière Kawaï… On lui avait toujours raconté qu’Aezyrkael l’avait trouvée là bas alors qu’elle n’était qu’un nourrisson. Elle s’était alors inventé des parents, une famille de nobles, adeptes de Sacrieur depuis plusieurs générations, qui l’avaient abandonnée pour une raison bien précise, mais qui viendraient un jour la chercher. A présent, elle connaissait la vérité sur ses origines ; elle n’était en réalité qu’une bâtarde, et avait grandi dans le mensonge le plus abominable. Elle qui avait, malgré tout, aimé Endylius et Elfythalia comme ses parents, elle avait à présent peine à considérer la disciple d’Eniripsa comme sa génitrice. C’était impossible que son sang coule dans ses veines ! Elle n’avait pas pu porter un enfant illégitime et l’aimer comme ses autres enfants ! Et pourquoi tant de mensonges ? Pourquoi lui avoir dissimulé la vérité si longtemps ? Atharaxya sentait à nouveau la colère et la rancœur monter en elle. Dire qu’elle s’était inquiétée pour eux !
Quelque chose soulevant son coude sortit la jeune femme de ses pensées. C’était Tuin, qui était enfin parvenu à la rejoindre. Dans son emportement, Atharaxya n’avait pas fait attention aux bêtes qui l’accompagnaient habituellement, et était partie sans s’assurer qu’ils la suivaient. Elle regarda autour d’elle, s’attendant à voir Ahrsa surgir de nulle part. Mais seul le chélonien l’avait suivie. Elle le prit dans ses bras et le regarda avec tendresse. Lorsqu’elle était enfant et avait commencé à combattre aux côtés d’Englael, elle avait été fascinée par Kiryel, l’atouin que ce dernier emmenait toujours avec lui, et qui l’aidait dans ses sorts de soin. L’Eniripsa lui en avait alors offert un lorsqu’elle avait sept ou huit ans.


- Voilà, maintenant tu as le tien. Il est un peu différent de Kiryel, mais il t’aidera autant dans les combats. Mais promets-moi d’en prendre bien soin !

Atharaxya se rappelait encore de la joie et de la fierté qu’elle avait ressenties en tenant le petit animal dans ses mains. Puis les années avaient passé, et malgré le traitement plus que douteux qu’elle lui avait infligé – même avec toute la bonne volonté du monde, les adorateurs de Sacrieur ne seront jamais des disciples d’Osamodas – il lui était toujours resté fidèle. Un imperceptible sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme, tandis que des larmes perlèrent au coin de ses yeux. Elle passa ses mains sur la carapace de la créature, parsemée de-ci de-là de trous et bosses, marque des nombreux combats durant lesquels elle avait assisté sa maîtresse.

- Aaaah mon pauvre Tuin… Qu’est-ce qu’on va devenir ?

Le petit être la regarda de ses petits yeux brillants, et la jeune femme crut lire quelque chose dans ce regard. Atharaxya soupira.

- Je sais, ils m’ont finalement apporté plus de bonnes choses que de mauvaises. Grâce à eux j’ai eu une enfance heureuse, un foyer, un toit en hiver, et… toi.

La Sacrieuse baissa les yeux et se perdit à nouveau dans ses pensées. Toujours prisonnier de ses mains, Tuin commença à gesticuler, bougeant ses pattes dans tous les sens dans l’espoir d’attirer à nouveau l’attention sur lui. Voyant que tous ses efforts étaient vains, il se résigna à prendre son mal en patience, attendant que sa maîtresse revienne à la réalité. Il demeura ainsi prostré durant de longues minutes, quasi suspendu dans le vide. Une lueur d’espoir naquit dans ses yeux lorsqu’il vit Atharaxya secouer vivement la tête et prendre une profonde inspiration. Elle le posa délicatement par terre, se leva et s’étira dans un craquement de vertèbres. Elle commença à marcher d’un pas incertain, ne sachant pas vraiment où aller. Elle était consciente qu’elle avait dépassé les limites en frappant Endylius, et ne pouvait donc se présenter à nouveau à la maison familiale.
Elle erra ainsi pendant plusieurs heures à travers Amakna, cherchant un moyen de renouer avec sa famille, si tant est que cette dernière puisse lui pardonner son geste. Il faudrait qu’elle passe par Englael. Mais où pourrait-elle le trouver ? Puis une idée lui vint, comme une évidence ; il avait intégré l’Ordre des Chevaliers de Mystra quelques temps auparavant, et cette Guilde possédait une taverne sur les quais de Madrestam. Luttant comme elle le pouvait contre la fraîcheur de la nuit, elle s’emmitoufla dans sa cape en laine de Minotoror et prit la direction du port. Arrivée sur le quai principal, elle fut prise d’une certaine inquiétude : comment savoir lequel de tous ces établissements était celui de l’Ordre ? Elle avança d’un pas peu assuré au milieu des bâtisses et entendit un grincement irrégulier. S’approchant de la source du bruit, elle constata que le grincement qu’elle avait entendu était en réalité la complainte qu’émettait la chaîne à laquelle était suspendue une pancarte se balançant au gré du vent. Une torche allumée était accrochée au mur et la jeune Sacrieuse put reconnaître sur la pancarte, à la lumière vacillante de la flamme, le blason noir et blanc que portait Englael.

Elle resta quelques instants devant la porte close, se demandant si elle devait vraiment entrer. Une nouvelle bourrasque de vent écourta sa réflexion. Le cœur battant, elle poussa la porte de la taverne et constata avec soulagement que les lieux étaient déserts. Refermant la porte derrière elle, elle marqua un nouveau temps d’arrêt et observa la pièce qui l’entourait. Prise d’un nouveau frisson, elle se dirigea vers la cheminée, où des branches brûlaient lentement. Elle s’assit et, regardant le ballet des flammes, attendit…
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MessageSujet: Re: [BG] Englael\Atharaxya: des destins entremêlés   [BG] Englael\Atharaxya: des destins entremêlés Icon_minitimeLun 7 Sep - 20:57

- Patron, une autre !

Englael vida son bock de moitié. Autour de lui, la taverne de la Chopenbois fourmillait de sa vie habituelle, et l’Eniripsa était entouré d’un brouhaha continuel de tintements de verres, éclats de rires et conversations plus ou moins animées. Il s’était installé à une table en retrait, et se contentait de vider les chopes que le tavernier posait devant lui. Combien en avait-il ainsi asséché depuis le début de la soirée, il l’ignorait. Il avait cessé de les compter depuis bien longtemps, et, dans le fond, cela lui était bien égal.
Le jeune homme plongea dans la contemplation de sa chope à moitié vide ; tandis que les bulles d’air remontaient à la surface, fendant le liquide doré en une myriade de sillons erratiques, l’esprit de l’Eniripsa fut transporté des années en arrière.
Premier né du couple insouciant que formaient Endylius et Elfythalia à l’époque, il avait été chéri et choyé comme un cadeau du ciel. Sa mère avait été au comble de la joie en voyant les petites excroissances qu’il avait dans le dos, signe que la déesse Eniripsa avait béni ce petit être. Petit et frêle, il l’avait toujours été, ce qui lui avait valu les quolibets et les railleries de tous les enfants qu’il fréquentait. D’autant plus qu’à l’époque, les disciples d’Eniripsa n’étaient pas des plus courants. Dès son plus jeune âge, Englael ne pouvait passer devant un groupe d‘enfants, qu’ils soient adeptes de Féca, Sadida, Crâ ou même Osamodas, sans que ces derniers ne lancent une remarque cinglante sur sa faible corpulence, sa peau blafarde ou ses petites ailes noires. Certains allaient jusqu’à dire qu’il était le fils raté que le Dark Vlad aurait eu avec Elya Wood, et que tous deux l’auraient abandonné, honteux de leur progéniture. Ses parents, le voyant accablé par les moqueries de ses camarades, tâchaient de le rassurer du mieux qu’ils pouvaient, lui expliquant qu’il était comme la Nature avait décidé qu’il serait, et qu’en acceptant cela, il serait quelqu’un d’exceptionnel ; sa différence devait justement être une force. Mais Englael ne voulait rien entendre ; ils avaient beau dos de lui expliquer cela ! Endylius, fidèle disciple de Crâ, était grand et fort, et sa musculature n’avait d’égale que la beauté éclatante de son épouse.


- Si être différent c’est être seul, j’préfère être comme eux !

Englael s‘était alors mis en tête de devenir le digne fils de son père, notamment en devenant aussi fort que lui. Il avait empoigné une faux et fauché autant de céréales que les champs des Ingalsses pouvaient offrir ; du blé au seigle en passant par l’orge et le lin, pas un épi ne résistait à son passage, et les badauds d’Amakna ne comptaient plus les allers-retours de l’Eniripsa entre les champs et la banque du village, chargé de gros sacs de farine. Mais rien n’y faisait, Englael était toujours aussi frêle. Il transporta alors tous ses sacs de farine jusqu’à l’atelier des boulangers le plus proche et fabriqua des centaines et des centaines de pains. Il passa ainsi des heures à manipuler la farine, pétrir et cuire la pâte, sans résultat probant sur son physique. Il retourna alors dans les champs, la rage lui tordant le ventre, et recommença à faucher. La sueur coulait sur son visage et lui entrait dans les yeux, il était essoufflé, à bout de force. Après une dizaine de coups de faux, il jeta l’outil au sol et tomba à genoux, ne retenant plus ses larmes.
Une voix derrière lui interrompit ses sanglots.


- Hé petit, qu’est-ce qui t’arrive ?

Englael se retourna et aperçut à travers ses larmes un Pandawa approcher de lui, d’un pas mal assuré. Il s’assit en face de lui et, sa bouche dégageant l’odeur âcre caractéristique que l’Eniripsa reconnaîtrait plus tard comme celle du Glouto Rhum de piètre qualité, il reprit :

- Pourquoi tu pleures comme ça ? Tu t’es fait mal avec ta faux ? J’ai toujours dit que le travail c’était dangereux et que…
- Nan, c’est que…. Ca fait des jours que je travaille aux champs, et j’suis toujours aussi maigrichon… Les autres ont raison d’se moquer d’moi, j’suis nul… J’suis tout p’tit, tout blanc, tout maigre…

A cet instant, un autre disciple d’Eniripsa passa à côté d’eux ; il était à peine plus âgé qu’Englael, mais était plus grand, et dans son dos se déployaient deux immenses ailes pourpres. Englael remua celles qu’il portait, qui ressemblaient davantage à des moignons de piou.

- … Même mes ailes sont ridicules ! dit-il, sanglotant de plus belle.
- Mais non dis pas ça rhooooooo… Même si ce petit a quand même plus la classe que toi…

Le Pandawa marqua une pause et semblait chercher quelque chose à ajouter à sa déclaration pleine de tact. Comme pour se donner de l’inspiration, il sortit de son sac une bouteille dont la couleur et le contenu semblaient plus que douteux, la tendit à Englael puis se ravisa, se rendant peut-être compte que le petit ne devait avoir que quatre ou cinq ans. Ayant avalé plusieurs longues gorgées, il reprit :

- Mais au fait… Pourquoi tu veux être diffa… *hips*… diffu…pas pareil ? Y’a une jolie fille à l’éco… à la… dans l’coin qui *hips* veut pas d’toi ?
- Naaaaan ! s’indigna le petit en secouant énergiquement la tête. C’est passke… Mon père il est grand et fort, et ma mère est très belle, et je suis ni l’un, ni l’autre. Alors j’veux…
- Justement, tu l’as dit toi-même, l’interrompit le Pandawa en sortant le doigt de son oreille et en inspectant minutieusement le contenu, tu n’es ni l’un, ni l’autre… Tu n’es ni ton père, ni ta mère. T’as pas besoin d’être la copie de l’un ou de l’autre pour exister…. Bon, c’est sûr que la vie est plus simple quand on est beau comme moi, mais c’est pas donné à tout l’monde de nos jours.

Englael regarda son interlocuteur avec attention. Sous les vêtement tachés, déchirés et en lambeaux se cachait une peau couverte d’énormes cicatrices ; il avait le poil hirsute et les yeux rougis. Sans parler de l’haleine ! L’Eniripsa ne put réprimer un sourire.

- Tiens, tu vois, tu te moques toi aussi, lança le Pandawa en souriant.
- Pas du tout, je… bafouilla Englael, extrêmement gêné.
- Non mais s’pas grave, j’sais que s’pas méchant. C’que j’veux dire, c’est que… Il avala une nouvelle gorgée du liquide étrange. Tu vois bien, moi j’ressemble à rien et j’suis quand même quelqu’un, et j’sais ce que j’vaux.
- Mais…
- Me coupe pas la parole quand j’réfléchis ! lâcha-t-il avec un air faussement sévère. T’es pas aussi baraqué que ton père ou que tes p’tits camarades ? Deviens plus agile ou plus intelligent qu’eux. A c’que j’vois t’es un rejeton d’Eniripsa, crois-moi, tes musc’ te seront d’aucune utilité. Faut qu’ça travaille, mais là-dedans !

Il joignit le geste à la parole, ébouriffant affectueusement la chevelure bleue et déjà en bataille d’Englael. Puis, après avoir avalé une autre gorgée, il ajouta :

- Et pour c’qui est d’la beauté, beeeeen… T’es un homme, s’pas ton boulot. C’est les femmes qui doivent être belles, nous on s’en…

Il s’arrêta en plein milieu de sa phrase, collant un œil sur le goulot de sa bouteille.

- Bon petit… Maint’nant c’est à toi d’me rendre service ! C’est que ça donne soif d’philosopher comme ça ! Alors si t’avait quequ’chose à boire sur toi…

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Englael s’était déjà levé et le tirait par la main. Les larmes avaient séché et un grand sourire était accroché à son visage. Il était impatient de présenter son « nouvel ami » à ses parents. Il le traîna jusqu’à la demeure familiale, le Pandawa titubant derrière lui. Arrivés devant la maison, Englael entendit la voix forte de son père :

- Aezyrkael ? !
- Tieeeeens, salut l’Crâ !

Le Pandawa semblant d’un coup guéri de son ivresse, il se dirigea vers Endylius et les deux hommes eurent une chaleureuse accolade. Devant le regard perplexe et interrogateur de son fils, Endylius lui avait expliqué que le Pandawa était son frère, et qu’ils s’étaient perdus de vue des années auparavant. Il lui présenta également Elfythalia, dont le ventre bien arrondi laissait présager la naissance prochaine de Zahikel. Heureux de s’être enfin retrouvés, ils passèrent la soirée à boire, rire, refaire le monde. Chacun raconta ce qui s’était passé dans sa vie depuis qu’ils s’étaient quittés.

Bien plus que le discours de son oncle, c’est surtout en observant les adultes ce soir là qu’Englael prit conscience de la réalité : on pouvait faire partie de la même famille tout en étant différent, et être différent n’empêchait pas de vivre, rire… exister.



- Hé, petit, faudrait penser à rentrer ! J’voudrais bien ranger et aller dormir un peu !

La grosse voix du tavernier sortit Englael de sa torpeur. Il balaya la pièce du regard. Il était le dernier client, tous les autres étant repartis, de gré ou de force, laissant l’établissement dans un état de désordre indescriptible.

- Mmmmh oui, bien sûr, excusez-moi…

Il se leva prestement, déposa une somme de kamas assez conséquente sur la table et se dirigea vers la sortie.

- Bonne nuit, patron ! lança-t-il avant de franchir la porte.

Le tavernier le regardait s’éloigner, ébaubi que l’Eniripsa puisse encore marcher droit malgré les litres de bière qu’il avait engloutis durant la soirée.

Y’en a qui ont de la chance… Ou de l’entraînement… pensa-t-il.

Refermant la porte derrière lui, Englael se laissa envahir par la fraîcheur de la nuit. Bonta était déjà profondément endormie ; les échoppes étaient closes, et les rues n’étaient animées que par les miliciens faisant leur ronde. L’Eniripsa fit quelques pas sur les pavés et se perdit à nouveau dans ses pensées. Il avait passé la journée à parcourir Amakna de long en large, à la recherche d’Atharaxya, en vain. Elle s’était comme volatilisée. Elle avait le talent de demeurer introuvable lorsqu’elle voulait être seule, Englael ne le savait que trop bien, mais il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour elle. Au vu de sa réaction face à la nouvelle, elle aurait été capable de faire n’importe quoi… Même fouiller Brâkmar à la recherche de son « vrai » père. Le jeune homme frissonna. Il serait capable d’aller la chercher n’importe où, sauf à Brâkmar : la blessure qu’il avait reçue à l’aile lors de sa dernière rencontre avec les gardiens de la ville sombre lui faisait toujours mal, comme pour lui rappeler que cette zone lui était formellement interdite. Arrivé aux portes de la ville, il marqua un nouvel arrêt, soupira et leva les yeux vers le ciel.

Atha… Où est-ce que tu peux bien te cacher… ?

Il s’apprêtait à reprendre ses recherches, mais la fatigue de la journée le stoppa net dans son élan. D’autant plus que la nuit était sombre, la seule chose qu’il risquait de trouver, c’était une horde de Trools. Résigné à attendre le lendemain, il sortit une fiole de son sac et, l’ayant vidée de son contenu, se retrouva instantanément au Zaap du port de Madrestam. Là, seuls quelques aventuriers insomniaques le regardèrent passer, traînant les pieds vers les quais. Un léger vent faisait tinter les grelots de son chapeau à chacun de ses pas, mais ce tintement ne semblait pas aussi joyeux qu’à l’accoutumée. Poussant la porte de la taverne de l’Ordre, il était bien décidé à ne dormir quelques heures, et repartir à la recherche de la Sacrieuse dès l’aube. En franchissant le seuil, le Tifoux poussa un couinement strident et accourut vers la cheminée.

Elle était là, assise sur le sol, les genoux repliés sous le menton. La lumière rougeoyante du feu éclairait sa peau d’albâtre et se reflétait dans ses yeux, qui semblaient perdus dans le vide. Un petit sourire se dessina sur les lèvres de l’Eniripsa, un détail lui revenant en mémoire. Si lui contemplait les nuages pour oublier ce qui l’entourait, Atharaxya, elle, rêvassait plutôt devant les flammes. Ainsi, même si elle avait beaucoup changé en grandissant, elle avait conservé cette habitude.
Les sentiments allaient bon train et se cognaient les uns aux autres dans la tête d’Englael : il était soulagé de l’avoir enfin trouvée, surpris qu’elle soit en ces lieux, et appréhendait ce nouveau face à face. Il resta quelques instants immobile, à l’observer. La jeune femme ne l’avait vraisemblablement pas entendu entrer, malgré le grincement habituel que la porte avait émis. Ce n’est que lorsqu’Ahrsa mordilla son pantalon qu’elle sortit enfin de ses pensées.
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MessageSujet: Re: [BG] Englael\Atharaxya: des destins entremêlés   [BG] Englael\Atharaxya: des destins entremêlés Icon_minitimeDim 4 Oct - 23:24

- Ahrsa, mais qu’est-ce que…
- Tu l’avais oublié à la maison, dit Englael d’une voix douce, en sortant de la pénombre.
- Hmm, la maison…

Atharaxya tourna à nouveau le regard vers les flammes et se mura dans le silence, caressant nonchalamment Ahrsa, qui avait bondi dans ses bras.

Bravo, malin ça ! se dit Englael en se giflant mentalement.

Il s’approcha lentement et s’assit à côté d’elle, prudemment – un coup était vite parti, surtout avec elle.
Quelques minutes s’écoulèrent ainsi, dans un silence des plus pesants, Atharaxya scrutant toujours les flammes, le visage figé. Englael tenta plusieurs fois de prendre la parole, mais s’était ravisé, ne sachant quoi dire. Son regard s’étant posé sur le sac de la Sacrieuse, il constata que quelques épées de boisaille en dépassaient. Il esquissa un léger sourire et brisa, enfin, le silence.


- Tiens, je vois que tu t’es définitivement consacrée à la confection d’épées ?

Atharaxya tourna la tête et esquissa, à son tour, un imperceptible sourire.

- Oui… Il faut croire que les baguettes n’étaient vraiment pas faites pour moi… J’espère ne pas trop te décevoir…
- Mais bien sûr que non, où vas-tu chercher cette idée ?
- Ben, je…
- Atha… Quoi que tu fasses, tu restes ma petite sœur, et je…

Voyant la mine renfrognée de la jeune femme, il préféra ne pas terminer sa phrase. Il en avait déjà trop dit. Un nouveau silence gêné s’installa entre eux, qu’Atharaxya interrompit en éclatant d’un rire nerveux.

- Pas la peine de prendre des pincettes avec moi Glael… Depuis le temps, tu devrais savoir comment te comporter avec moi…
- Justement… Il y a quelques années, j’aurais su comment m’y prendre. Mais tu as beaucoup changé, et j’ai l’impression que tu m’évites… Surtout ces derniers temps… Donc ne t’étonne pas que j’aie du mal à te parler…

La jeune femme soupira et, replongeant son regard dans l’âtre, se mordit la lèvre inférieure.

- Glael… Il est temps que tu saches ce qui s’est passé pendant mon absence… En fait… Ton mariage avec Daisi m’a fait prendre conscience d’une évidence que je niais depuis le début : je ne serai jamais la seule femme dans ta vie. Je me suis persuadée que tu me délaissais, alors qu’en fait, c’est moi qui m’éloignais de toi. Quoiqu’il en soit, après avoir erré pendant quelques mois en Amakna, je suis partie pour Bonta, espérant commencer une nouvelle vie. Dès mon arrivée, j’ai rencontré un jeune disciple de Féca, Tanthalas, qui m’a immédiatement prise sous son aile ; il a assuré tous les frais de mon séjour à l’auberge, m’a montré les meilleures échoppes de la ville, et a même convaincu un maître forgeron de m’initier vraiment à l’art de la forge d’épées. Nous nous entendions à merveille et sommes devenus très proches.

Interrompant quelques instants son monologue, la jeune femme posa sa main sur son ventre, effleurant une cicatrice beaucoup plus impressionnante que les autres. Elle sentait les larmes lui monter aux yeux, comme à chaque fois qu’elle repensait à cette période de sa vie. Prenant une profonde inspiration, elle reprit :

- Et un soir, ayant bu plus que de raison, nous nous sommes retrouvés dans le même lit… Et… Suite à cette unique nuit, je me suis retrouvée enceinte. Tu sais comment Elfythalia nous a élevés, je n’ai même pas pensé à une autre solution que celle de mener cette grossesse à terme. Je n’en ai cependant pas parlé à Tanthalas… Fidèle à son dieu, il avait tendance à me surprotéger, s’il avait su, il m’aurait littéralement étoffée. Mais son départ pour Sufokia, quelques semaines après, a pas mal facilité les choses. Je suis restée sans nouvelles de lui pendant toute la grossesse, vivant au jour le jour. J’étais, comme d’habitude, en train de forger des épées quand le petit monstre a décidé de pointer le bout de son nez. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu, et il a fallu qu’on me taillade le ventre avec une lame chauffée à blanc pour l’en extirper.

Du coin de l’œil, elle vit Englael se tordre de douleur à la simple évocation de la situation.

- Oui… Même moi qui étais, déjà à l’époque, pas mal habituée à la douleur, je peux te dire que je n’avais jamais autant souffert… Et je n’ai pas connu de douleur pareille depuis, d’ailleurs… Du moins, pas physiquement… Enfin, passons… L’accouchement avait été éprouvant, et j’avais du mal à m’en remettre, mais il fallait bien gagner sa vie, alors je suis très vite retournée travailler à la forge. Quelques jours après, je suis rentrée à l’auberge et, épuisée, me suis endormie comme une masse, tenant mon fils dans mes bras. Quand je me suis réveillée le lendemain, il n‘était plus là. J’ai d’abord cru que la femme du tavernier l’avait pris pour s’en occuper, comme le faisait quand je passais la journée dehors. Mais quand je me suis levée, j’ai vu un parchemin placardé sur la porte.

La jeune Sacrieuse marqua une nouvelle pause. Elle se souvenait parfaitement de ce qui était écrit sur ce parchemin.
Je suis venu reprendre ce qui m’appartient. Cet enfant ne mérite pas de rester entre les mains d’une catin menteuse et manipulatrice. Tanthalas
Des larmes perlèrent à ses yeux et coulèrent le long de ses joues.

- Les nouvelles allaient apparemment vite, et il avait envoyé un de ses sbires pour enlever mon fils. C’est là que j’ai pris conscience de la vraie nature des Fécas : ils sont lâches… Et lui devait avoir des ancêtres adeptes de Sram, au vu de sa mesquinerie… Quoiqu’il en soit, j’ai quitté Bonta le jour même et me suis plongée dans le travail et le massacre des créatures d’Otomaï, espérant naïvement pouvoir tout oublier et me reconstruire… J’étais bien stupide !

Atharaxya prit sa tête dans ses mains, tentant de retenir ses larmes. Englael, qui s’était senti de plus en plus mal au fur et à mesure que la jeune femme avançait dans son récit, s’approcha immédiatement d’elle et la prit dans ses bras. Ayant presque oublié l’animosité qu’elle ressentait envers lui, elle s’y blottit et éclata en sanglots.

- Atha, je… Pardonne-moi…

Intriguée par la réaction de l’Eniripsa, la jeune femme redressa la tête et le regarda d’un air interrogateur.

- Comment ça ?
- Ben, si je ne t’avais pas laissée partir, rien de tout cela ne serait arrivé.
- Arrête de dire n’importe quoi… Rien ne m’aurait empêchée de partir… J’ai juste rencontré les mauvaises personnes… Enfin, surtout lui…
- « Mauvaise personne » ? T’es bien trop gentille là…
- Peut-être… Mais à quoi bon le haïr aujourd’hui encore ? Je l’ai détesté du plus profond de mon être, et cela ne m’a pas rendu Ermysthael pour autant. Cette partie de moi-même qui est morte ce jour là ne reviendra jamais à la vie… Cela fera bientôt cinq ans qu’il a disparu, j’ai renoncé à le retrouver… Et Tanthalas ne vaut même pas la peine que je pense encore à lui…
- Excuse-moi de t’avoir poussée à repenser à tout ça
- Arrête de t’excuser ! Cette fois, elle avait tapé le torse d’Englael avec ses poings. Il était plus que temps que tu saches pourquoi j’ai tellement changé, pourquoi je suis restée si loin pendant toutes ces années, pourquoi… La jeune femme baissa les yeux. Pourquoi je n’osais pas te parler depuis mon retour… Depuis le jour où je suis partie, j’ai fait n’importe quoi… Ce départ même était une erreur…
- Peu importe, les choses sont ce qu’elles sont.. Et maintenant tu es de retour, et… Tu n’es pas seule.

Voyant le sourire et le regard protecteur que lui adressait Englael, Atharaxya sentit un nouveau malaise l’envahir. Elle repensait à son geste à l’égard d’Endylius. Elle ne méritait pas qu’on lui porte autant d’attention.

- Moui…

Comme devinant ses pensées, l’Eniripsa risqua une parole réconfortante :

- Et concernant Endylius… Je pense qu’ils t’ont déjà pardonnée… Mais il serait quand même bon que tu ailles les voir, et vite…
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MessageSujet: Re: [BG] Englael\Atharaxya: des destins entremêlés   [BG] Englael\Atharaxya: des destins entremêlés Icon_minitimeSam 24 Oct - 14:07

Englael se réveilla en sursaut. Il lui fallut quelques secondes pour prendre conscience de la réalité qui l’entourait, pour se rendre compte d’où il était. Ses quartiers dans la taverne de l’Ordre. Une minuscule chambre sous les toits, mais dans laquelle il se sentait réellement chez lui. Enfin, la plupart du temps… Il jeta un regard en direction de la petite fenêtre, que les rayons lunaires semblaient frôler sans la remarquer ni prendre la peine de passer à travers. La pièce était donc baignée dans une obscurité à la fois imparfaite et rassurante.

Sheza était profondément endormie dans ses bras, se serrant fort contre lui, un sourire paisible éclairait son visage.

La pièce, l’obscurité, la présence de la jeune Osamodas, tout cela aurait dû apaiser et réconforter l’Eniripsa, mais ce dernier avait l’esprit si tourmenté ces derniers temps que même ce qu’il avait de plus cher peinait à lui réchauffer le cœur.

Englael caressa tendrement la chevelure rose de la jeune femme assoupie et se dégagea aussi doucement que possible de son étreinte. Visiblement contrariée que son matelas ait décidé de bouger, une petite grimace se dessina sur son visage. Ayant remonté la couverture sur ses épaules, Englael posa un baiser sur son front. La grimace disparut instantanément, laissant à nouveau la place au sourire paisible qu’elle arborait quelques instants auparavant.

A pas de chat, l’Eniripsa se dirigea vers la fenêtre, qu’il ouvrit juste assez pour pouvoir se glisser dans l’entrebâillement et, une fois dehors, la referma avec précaution. Le vent marin fouetta son visage et ébouriffa ses cheveux. La nuit était fraîche, mais cette fraîcheur lui faisait un bien fou, l’assurait qu’il était toujours en vie. Lentement, manquant de trébucher à chaque pas, il parcourut quelques mètres sur le toit et s’assit au sommet, adossé à une cheminée, face à la mer. Il leva les yeux au ciel et respira à pleins poumons l’air du soir, où se mêlaient embruns, odeurs de feu, de bois calciné et relents de poissons oubliés au fond d’un tonneau. Le ciel était clair, et on pouvait facilement distinguer chaque constellation, même les plus lointaines. Englael resta ainsi plusieurs minutes, immobile, à contempler ces points brillants qui ponctuaient la noirceur du firmament, et semblaient bouger au fur et à mesure qu’on les fixait. C’est ce genre de petits plaisirs qu’il avait oublié d’apprécier, et qui désormais prenaient tout leur sens.

Il fut tiré de sa torpeur par le ululement strident d’une chouette non loin de là.

Un animal de nuit… C’était ce qu’il était devenu, petit à petit, sans réellement s’en rendre compte. Les sorties avec les Chevaliers l’épuisaient de plus en plus, si rares furent-elles, et il lui fallait chaque fois davantage d’heures de sommeil. Au point qu’il en était arrivé à n’être éveillé que la nuit, déambulant pendant quelques heures sans but dans les couloirs des quartiers de l’Ordre, vidant quelques verres de Glouto Rhum, avant de retourner se tapir dans sa chambre avant que les premiers rayons du soleil n’annoncent leur apparition. Non que ses pouvoirs de soin aux autres n’aient diminué, mais il lui fallait de plus en plus de temps pour guérir de ses propres blessures. A la faveur de la lune, il contempla ses bras décharnés, puis ses mains. Sa peau, jadis d’albâtre, virait de plus en plus au blafard.


- Tu t’fais vieux mon pov’ Glael…

Il soupira et posa à nouveau sa tête contre la pierre. Nul ne savait réellement quel âge il avait. Les disciples d’Eniripsa avaient la réputation d’être quasiment immortels, ou du moins que les années n’aient pas la même emprise sur leur corps. Englael ne le savait que trop bien. Depuis son plus jeune âge, il était resté petit, frêle, maigrichon. Aujourd’hui encore, certains le prenaient pour un enfant

Enfin, peut-être pas dernièrement…

Etait-ce le simple effet des années ? Une insignifiante baisse de régime qui ne tarderait pas à s’estomper ? Du surmenage ? Ou les vérités qu’il avait récemment apprises sur sa famille, et Atharaxya ? Après tout, sa propre mère avait dépéri à vue d’œil lorsqu’elle s’inquiétait pour la jeune Sacrieuse. Peut-être était-ce là le point faible des disciples d’Eniripsa ; ils restent jeunes tant qu’ils demeurent insouciants…


- Atha…

Englael frissonna. La vision de l’énorme cicatrice qui trônait sur le ventre d’Atharaxya le hantait depuis qu’elle lui avait raconté son histoire. La jeune femme avait été mutilée, et il ne pouvait cesser de penser que c’était par sa faute, qu’il avait manqué à son devoir. Une autre idée le poursuivait, et lui mettait ce que certains appelaient « un coup de vieux » : sa propre sœur avait donné la vie, avait transmis la sienne dans un nouvel être, alors que lui-même n’avait été capable que d’entretenir celle des autres, tant bien que mal. Il avait l’impression que son existence n’avait mené à rien, qu’elle était vide de sens, inutile… Quant à Atha, elle ne semblait pas consciente de la chance qu’elle avait… A moins qu’elle préfère ne plus y penser, pour ne plus souffrir de son absence…

Il avait beau essayer, il ne pouvait s’empêcher de se faire du souci pour elle. Cela faisait quelques temps qu’ils avaient appris la vérité sur ses origines. Malgré le choc de la nouvelle, la jeune femme ne semblait pas tellement affectée par tout cela. Son entrée dans l’Ordre avait même réussi à lui redonner le sourire. Puis elle avait subitement disparu, sans laisser la moindre trace, mise à part une missive leur demandant de ne pas partir à sa recherche.

- Atha…. Tu n’as toujours pas compris que le meilleur moyen de m’inciter à te chercher est justement de me demander de ne pas le faire… Comme quoi, même en ayant grandi, tu restes la même, au fond…

Il aurait voulu suivre sa trace, fouiller le moindre recoin du monde des Douze s’il le fallait, s’assurer qu’elle allait bien. Mais la fatigue et Sheza avaient eu raison de lui, et il était resté à la taverne de l’Ordre, guettant les moindres allées et venues, espérant chaque seconde voir réapparaître la Sacrieuse à peau d’albâtre. En vain. L’épuisement physique ne suffisait pas à lui faire trouver le sommeil, et ses rares communions avec Mystra étaient troublées par des cauchemars où sang, hurlements, souffrance et ailes rouges régnaient en maîtres.

Une nouvelle bourrasque de vent le fit à nouveau frissonner. Il replia ses ailes sur lui-même, maigre protection contre la bise nocturne. Quiconque serait passé dans la rue et aurait levé les yeux vers le toit de la taverne de l’Ordre aurait juré qu’on y avait posé une gargouille. Mais, fort heureusement, la ville était déserte à cette heure avancée de la nuit. Le regard d’Englael se posa sur le quai principal du port, où luisait la faible lumière de torches tentant, dans un combat perdu d’avance, de lutter contre le vent, de ne pas voir leur vie emportée prématurément dans une rafale. Derrière leur lumière vacillante se dessinait l’ombre d’un immense navire, de ceux qui partaient chaque semaine pour le Nouveau Continent. De nombreux aventuriers étaient montés à bord de l’une de ces barcasses, en quête de nouvelles sensations, de nouveaux lieux à explorer, espérant échapper à la milice Bontarienne ou Brâkmarienne, ou simplement dans l’espoir d’y trouver des indices sur leurs origines. C’était notamment le cas d’Aezyrkael, qui, sous couvert d’avoir trouvé un emploi à bord en tant que tavernier, était parti avec le second bateau. Nul n’avait reçu le moindre signe de lui depuis ce jour-là. Combien de temps s’était écoulé ? Des jour ? Des semaines ? Plus probablement des mois… Mais personne ne semblait s’inquiéter outre mesure. Personne, sauf le petit Eniripsa auquel il avait ouvert les yeux, voilà bien des années de cela.

- Emanos, Sylvangel, Aezyrkael, tous disparaissent l’un après l’autre, et personne ne se soucie de ce qui peut leur arriver… Ils semblent avoir été oubliés. Et moi, quand je disparaîtrai… Qui se souviendra de moi… ?

L’Eniripsa esquissa un petit sourire triste. Puis il s’ébouriffa les cheveux.

- Non seulement tu te fais vieux, mais en plus tu te poses trop de questions… Ils vont sûrement tous très bien. Par contre, si Sheza te retrouve pas à côté d’elle à son réveil, c’est toi qui risques d’avoir des problèmes !

Il dut s’y prendre à plusieurs fois avant de se lever et trouver un équilibre des moins instables. Les litres de Glouto Rhum qu’il engloutissait quotidiennement n’y étaient probablement pas étrangers. Comme un funambule, il marcha lentement le long du faîte, et redescendit jusqu’à sa fenêtre. Il se faufila discrètement dans la mince ouverture, manquant de se coincer une aile. Sheza dormait toujours du sommeil du juste. Il se glissa furtivement à ses côté. Elle se retourna brusquement, marmonnant des « Mmmmmmh… Gla… tsou… hmmmm » presque imperceptibles, et se blottit à nouveau contre lui. Un nouveau sourire empli de tristesse se dessina sur les lèvres de l’Eniripsa.

- Dors Tipi… Je suis là…

… pour le moment…
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Atharaxya

Atharaxya


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Localisation : Où le vent me porte...

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MessageSujet: Re: [BG] Englael\Atharaxya: des destins entremêlés   [BG] Englael\Atharaxya: des destins entremêlés Icon_minitimeMer 28 Oct - 13:03

- Plz tapa 10k sé pour le zap ?
-
- Plz tapa 10k sé pour le zap ?
-
- Eh m’dame ?!

Quelqu’un lui tapait sur l’épaule. Quelqu’un s’était approché d’elle. Beaucoup trop…

Comme par réflexe, elle sortit une dague et la pointa en direction de l’importun. Son regard, qui était perdu dans le vague quelques secondes auparavant, avait viré au noir infini.


- Hé on s’calme m’dame… Jve just 10k pour lzap plz.
- Ah, euh…

La jeune femme baissa son arme, farfouilla dans son sac et en sortit une poignée des précieux kamas. Elle les tendit à son interlocuteur.

- Han tro mci ! … Di, t tro bel, t’ve mépouzé ? Alé plz !

Atharaxya s’était déjà retournée et s’apprêtait à retomber dans ses réflexions. Le jeune disciple de Féca lui posa à nouveau la main sur l’épaule.

- Plz plz plz ! Epouz moi ! Plz !

Elle tourna la tête et lui adressa un nouveau regard noir, ce qui le dissuada de poursuivre sa parade amoureuse pour le moins bancale. Il détala en direction du Zaap. Où ailleurs, cela n’avait aucune espèce d’importance.

Enfin seule, la jeune femme plongea à nouveau son regard dans la contemplation du vide qui se dessinait sous ses pieds. Elle était au plus haut de l’arbre Hakam, dans un recoin où elle se réfugiait lorsqu’elle avait besoin d’être seule et au calme. Ce qui habituellement était le cas…


Ses pensées s’envolèrent, laissant son corps sur place. Elles passèrent l’océan et les barrières du temps, pour s’arrêter au seuil d’une petite maison de pierre au milieu d’une clairière en Amakna. La maison où elle avait grandi, parmi d’autres enfants, tous ayant été traités sans la moindre inégalité, sans la moindre injustice. La demeure où vivaient encore Elfythalia et Endylius, qu’elle avait toujours considérés comme ses parents adoptifs. Qui en réalité étaient respectivement sa mère naturelle, et le mari de cette dernière. Lorsque la jeune Sacrieuse avait appris la vérité sur ses origines, lorsqu’on lui avait annoncé qu’elle était le fruit d’un viol, sa seule réaction, ô combien stupide, fut de frapper le disciple de Crâ qui l’avait élevée comme sa propre fille. Ayant pris conscience de l’inanité de son geste, elle ne s’en était sentie que plus minable, n’osant même pas songé à remettre les pieds dans la demeure familiale. Mais le besoin d’en savoir plus sur son « vrai » père avait été plus fort que son orgueil, et elle avait fini par se rendre au temple d’Eniripsa, afin de s’entretenir avec Elfythalia.


Celle-ci était restée pour le moins évasive au sujet du disciple de Sacrieur qui l’avait engrossée. Il faut dire qu’il n’avait probablement pas pris la peine de se présenter avant de… Tout ce qu’elle avait pu apprendre, c’était qu’il s’agissait, à l’époque, d’un « chef » de l’armée Brâkmarienne, il était à la tête d’une poignée d’hommes. Cet événement remontant à plus d’une vingtaine d’années, il était probablement monté en grade entre temps… Peut-être même était-il mort. La prêtresse avait tâché de dissuader sa fille de partir à sa recherche, prétextant que ce serait une quête douloureuse et très probablement vaine. Cette dernière avait semblé convaincue par les propos de l’Eniripsa, du moins en apparences. Chaque jour, l’envie de retrouver cet être qui suscitait en elle à la fois fascination et dégoût grandissait, sans qu’elle puisse y avoir le moindre contrôle. C’était presque devenu une obsession. Trop de zones d’ombre recouvraient sa vie, et elle était bien décidée à lever le voile sur certaines d’entre elles, dût-elle aller fouiller les zones les plus reculées du monde des Douze. Mais avant de s’aventurer dans les zones les plus reculées, peut-être valait-il mieux commencer à chercher à la source…
La jeune femme posa le regard sur la fiole qu’elle tenait dans ses mains depuis quelques minutes. Un liquide rouge sombre y était enfermé et rampait le long des parois de verre au fur et à mesure qu’elle faisait tourner le flacon dans sa paume. Elle resta quelques instants ainsi, à contempler ce fluide qui semblait n’être composé que des rubis les plus purs, qui auraient atteint, par un quelconque miracle, l’état liquide.
Des rubis…


- Pardonnez-moi… Mais je n’ai pas le choix…

Atharaxya prit une profonde inspiration, retira le bouchon de la fiole et la porta à ses lèvres. Elle aurait pu retrouver les saveurs des ingrédients qui composaient la potion, des soupçons de girofle et de marasquin au goût caractéristique des boissons issues des brasseries de Pandala. Elle aurait pu sentir et apprécier le contact du liquide tiède recouvrir sa langue, puis glisser lentement le long de sa gorge. Elle aurait pu…

Seulement, elle avait toujours eu le mal des transports, et les téléportations étaient des plus éprouvantes pour elle. Elle ne sentit qu’un tourbillon l’emporter, la secouant comme un prunier. Elle n’était plus qu’un pantin désarticulé, ballottée au gré de la puissance magique contenue dans le flacon. Puis le tourbillon argenté s’estompa, et elle sentit à nouveau le sol sous ses pieds. La jeune femme resta prostrée quelques instants, attendant que les bourdonnements dans sa tête se soient tus et que les battements de son cœur se soient ralentis. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, le monde oscilla encore quelques instants, avant d’enfin redevenir clair. Clair n’était pas le mot. Elle se trouvait dans une ruelle sombre, ne disposant d’aucune source de lumière, si faible soit-elle. Atharaxya voyait à peine ce qui se trouvait à quelques pas d’elle. Il régnait un silence presque inquiétant. La jeune femme sursauta lorsqu’elle entendit des bruit de pas et de métal s’entrechoquant derrière elle. En se retournant, elle constata que la ruelle où elle se trouvait donnait sur une allée plus importante, où venait de passer un groupe de gardes de la ville. Elle fit quelques pas et déboucha sur une grande place, au centre de laquelle s’érigeait une immense bâtisse. Sur les pierres anthracites étaient sculptés des crânes, et une imposante statue de dragon surplombait l’ensemble du bâtiment. Les gardes tut de rouge vêtus se pressaient devant les grilles, se mêlant à la foule des aventuriers les plus hardis.

- Nous y voilà…

Atharaxya prit une profonde inspiration et passa, à son tour, la porte de la Milice.
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