Le souffreteuse musculature de Bookman s'efforçait à couper de l'if dans les bois le Litneg. Le soleil était éclatant, et le sol brûlant. Pieds nus, il en supportait toutes les conséquences. L'anecdote provocatrice du fait remonte à une trentaine de minutes auparavant, lorsque, appuyé sur un escabeau et se... "satisfaisant" précipitamment en zieutant d'un air pervers les rondeurs de Pantomime à travers la fenêtre, discrètement et loin des regards , l'"archiviste" fut surpris en plein méfait par la jeune et innocente Neyna. Book' poussa un énorme cri alarmé qui réveilla toute la taverne. D'ailleurs, Hendall allait sûrement encore lui gueuler dessus, lui qui détestait se faire déranger. Heureusement, Neyna ne semblait pas avoir compris ce que le vioc faisait réellement. Elle s'approchait même à pas assurés de lui, pour voir ce qu'il cachait de ses deux mains sur le bas du ventre. A chaque pas que la petite faisait, Bookman reculait d'un même pas, jusqu'à heurter le mur. A ce moment là, il prit ses jambes à son cou et s'enfuit subitement, accablé d'embarras et de pudeur. Il mit plusieurs minutes à reprendre son souffle, mais se consterna en constatant qu'il était pieds nus sous un soleil torride.
Néanmoins, il ne fallait pas perdre de temps. Bookman sortit assurément sa hâche de son étui et partit à la quête de bois, lui qui était proche du statut de maître bûcheron.
Le soleil couché, et les ardeurs calmées, le centenaire reprit la route de la "maison", épuisé, tel un chien abattu. Mais quel effet elle lui faisait, cette Pantomime ! Sacrée elle. Bookman avait à tout le moins profité de ce petit pic-nic pour méditer son intégration au sein de la guilde. Ça y est, il en était sûr, il avait trouvé son chez-lui. Sa vraie famille. Ces sentiments n'étaient peut-être pas réciproques, il le savait, mais après tout, ce n'était encore qu'un nouveau venu, et le temps était suffisamment apte à étoffer les relations.
Il entreprit tant bien que mal les marches de la balustrade et toqua une dizaine de fois, à fort volume, comme à son habitude. Lorsque Sheza lui ouvrit la porte pour l'accueillir, il lui fit un sourire enchanté, que personne ne lui connaissait encore. Il tint Sheza par le bras, à la plus grande surprise de la demoiselle, et la traina vers le tabouret où Hendall était installé. Ce dernier resta pantois, ne comprenant en rien la raison de l'attitude bizarre qu'adoptait le vioc.
Bookman s'appuya sur le comptoir pour être à la hauteur de ses deux interlocuteurs, coupla leurs têtes en les tenant par le cou, comme s'il allait leur faire une confidence, et murmura :
"Sheza, Hendall, voudriez-vous être mes parrains ? Franchement, Pantomi... euh la guilde me plait vraiment, j'aimerais m'y installer, mais j'ai besoin de vous pour me soutenir"