Pourquoi tant d’absence ? L’avait-elle déçu ? Ou fait quelque chose qu’elle n’aurait pas dû ?
Tant de questions que l’Eniripsa ne se posait même pas, étant parfaitement conscient de la réalité. Non, elle n’avait rien fait de mal, elle ne l’avait pas déçu. Il s’était absenté sans véritable raison, si ce n’est un égocentrisme déraisonné et malvenu. Constatant que sa vie lui échappait, qu’il n’était plus capable d’atteindre les buts qu’il se fixait, il avait préféré prendre la suite plutôt que redresser la barre. Et il pouvait désormais constater le résultat catastrophique d’une attitude des plus déplorables : sa charmante épouse, celle pour qui son cœur battait jour et nuit depuis quelques années déjà, était certaine d’être la cause de ses absences répétées. La culpabilité s’était emparée de lui et ne semblait pas décidée à relâcher son étreinte de sitôt. La gorge serrée, il bafouilla :
- Non, non, rassure-toi, tu as toujours été parfaite, tu n’as absolument rien à te reprocher… On ne peut pas en dire autant de moi… Il baissa la tête, ne pouvait soutenir le regard de celle qu’il avait meurtrie sans le vouloir. Je t’ai certainement fait du mal, et j’en suis profondément navré… Je… je te présente mes plus sincères excuses. Je te promets que ça n’arrivera plus, je resterai désormais à tes côtés ! Et…
Alors qu’il s’apprêtait à, vainquant sa crainte, l’inviter au bal, Daisi le devança.
- Chéri, il faut que je te demande quelque chose... Accepterais tu de m'accompagner au bal ? Je n'ai aucune envie d'y aller si ce n'est pas avec toi...
- Euh, ben je… C’est à dire que… Relevant les yeux vers Daisi, il prit une profonde inspiration, tentant en vain de calmer les palpitations dans sa poitrine. Rien ne me ferait plus plaisir. Désormais, seul ton bonheur compte…
Esquissant une légère révérence, il tendit sa main droite en direction de la disciple de Crâ.