Kimmox revenait péniblement d'un autre dur combat sur l'île des Wabbits quand il revît enfin, au loin le port de Madrestam. Vieilli, plus mature et assagi, la version "18 ans" de Kimmox semblait nettement plus agile et l'intelligence semblait enfin avoir atterri dans la tête du Crâ autrefois fougueux et insouciant. 2 nouveaux dieux avaient fait leur apparition sur les terres d'amakna et l'île de Frigost révélait chaque jours de nouveaux secret enfouis sous la glace millénaire. Une année complète s'était écoulée depuis son départ et il lui semblait que le seul point d'attache qu'il lui restait avec le goût de l'aventure était Mystra. Jamais sa foi envers sa déesse ne fût si forte et jamais il ne douta de son allégeance malgré les épreuves et les occasions de se dérober. Atteignant finalement la côte Sufokienne en profitant du vent, il vît le Zaap et décida de ne pas le traverser vers Astrub. Il comptait marcher, sa dragodinde Styx à ses côtés jusqu'au port, cogner à la porte de l'Ordre et annoncer son retour. Les liens se tissèrent de nouveau dans le coeur du crâ et la nostalgie s'empara de lui. Au travers des Scarafeuilles et du blé prêt pour la moisson. C'est sur le sommet d'une colline au soleil couchant qu'il aperçut enfin les premières dalles du port et les lumières de la ville d'Astrub s'allumant graduellement à l'horizon. Il tendit une de ses Cawottes à un bouftou et pris le chemin de la banque. Il était impatient de retrouver les mystras mais en même temps anxieux de revenir en ne sachant aucunement à quoi s'attendre. Son blason avait perdu de sa couleur depuis le temps et le remplacer ne ferait pas de mal. Il suivit donc les réverbères jusqu'à ce qu'il se souvint comme étant la taverne de l'ordre. En poussant la porte, les images des temps anciens lui revinrent en tête. La vie et la couleur qui autrefois étaient l'essence même de l'existence de la taverne. La porte grinçante mena toutefois sur une scène de désolation. La poussière qui s'élevait des planches monta au nez de Kimmox. Un pas après l'autre, le craquement des planches fît monter en lui un sentiment d'appréhension face à ce qui l'attendait. Ce qui fût autrefois la cave était condamnée et les chambres du grenier étaient déserte. La guilde semblait comme cette grande baraque, avoir pris un coup de vieux. Il s'appuya contre le lit d'Englael et remarqua les tiroirs vides. De chambres en chambres il remarqua l'absence de Groualf et Mellysime. Il déambula dans la taverne et atterri dans les quartiers de Niabea. Devant le vide et le silence qui l'attendaient, il s'affala sur le lit de Niabea. Que s'était-il donc passé? La noirceur des lieux le fît frissonner. Il quitta la taverne et se dirigea vers les archives de la guilde. C'est toutefois à une porte fermée qu'il se buta. Il sortit sa clé mais celle-ci ne lui fût d'aucune utilité. Perturbé il se demanda si la guilde existait toujours. Il grimpa sur le mur et entra par la fenêtre en la forçant avec ses dagues. Là aussi tout semblait noir et poussiéreux. Il prît le temps de lire les pages des derniers mois une à la fois et comprit toute l'histoire. Celle-ci ne l'affecta point aux premiers abords. Mais il se demanda comment le meneur, SON MENEUR, avait pu être affecté à ce point. Comment avait-il pu quitter le navire. Celui qui avait toujours réussi à garder le contrôle. Celui qui était intérieurement son modèle s'était laissé affecté à se point. Sa lettre d'adieu était bouleversante. À chaque mots, une vague de déception le frappait. Qu'était devenu son meneur? Les marques d'amertume dans sa lettre, l'apitoiement ridicule dans celle-ci. Les circonstances de son départ étaient d'autant plus dures à comprendre. Son modèle avant abandonné. La personne en qui il avait le plus de respect au sein de l'ordre avait abandonné. Plutôt que de se retrousser les manches et assumer ses erreurs, il avait accroché sa faux. On ne pouvait rien contre ce qui s'était passé. Kimmox avait fini par comprendre que le destin dicte la vie et qu'on ne peut contrôler que ce qui nous concerne. La suite l'effara encore plus. La suite de départ. La guilde sans Niabea n'est rien? Il s'indigna devant la foi déficiente des serviteurs de Mystra. Et il se dit que celui qui fût son meneur n'aurait sûrement pas apprécié. Une fois celui-ci lui avait dit peu après son entrée: "Tu vois, quand la tempête fait rage, les rats sont les premiers à quitter le navire". Il eût du mal à penser cela de ceux qui étaient ses amis. Pouvait-il y faire quelque chose? Pas vraiment. Kimmox savait maintenant ce qui émergeait des maisons appartenant à la guilde. C'était la tristesse. Un époque était révolue. Et puis il vît son nom. Parmi les départs. Mais... Comment... La guilde avait au final bien changée. On l'avait éjecté. Il regarda dehors et laissa son esprit voguer avec les vagues du port. Il referma le registre qu'il avait entre les mains. La porte fût enfoncée. Il avait vu les gardes dehors. Ils avaient remarqué la lumière de la lampe anormalement allumée. Il déposa son blason sur la table au centre de la pièce. Tête basse, Kimmox attendit. Ne se débattant point il se laissa passer les menottes. Les deux gardes le traînèrent jusqu'à la prison. Kimmox jeta un dernier regard sur ce quartier autrefois si vivant. Il détourna la tête et se dit qu'il s'ennuierait de son blason et de ceux qu'il avait rencontré. Il eut du mal à comprendre que l'Ordre n'eut même plus assez de signification auprès des piliers de celle-ci. Le Crâ, devenu un homme, continuerait de croire en sa Déesse. Lorsqu'on le jeta au fond de sa cellule pour la nuit, il fixa les barreaux. Ceux-ci étaient bien peux pour lui. L'Ordre, la grande famille, sa seule famille était à l'agonie. À un point tel qu'il fût évincé. Une époque était révolue. Les chevaliers avaient pris de sales coups. Mais cette fois le groupe ne s'était pas relevé.
- Rien ne sera plus pareil... Puisses-tu Mystra ramener notre guilde sur le bon chemin.
Le lendemain Kimmox quitta vers Bonta. Pour lui c'était un nouveau départ. Mais secrètement ,il espérait bien que Mystra le ramène au bercail. Que tout le monde puisse faire la part des choses car la guilde était bien plus qu'un blason ou une appellation. C'était avant tout le groupe. Le bercail c'était eux. Kimmox allait pour toujours être un Chevalier de Mystra au fond de son âme. Les problèmes d'autrefois étaient disparus de son esprit et il tenait en haute estime tous ceux qui faisait toujours vivre l'Ordre. Des guerres dans le monde, il y en a déjà bien assez pour que ce qui fût autrefois un groupe, mais surtout des amis n'aient pas besoin d'en créer une entre eux. Il espérait bien que tous finiraient par le comprendre.